Pourquoi valoriser
les biodéchets ?
L’enjeu est de passer d’une économie linéaire, reposant sur l’utilisation massive des matières premières, à une économie circulaire, où la production et la consommation des ressources se doivent d’être de plus en plus limitées.
Les bio-déchets représentent un tiers des poubelles résiduelles des Français. C’est un gisement non négligeable qu’il faut maintenant détourner de l’élimination en vue d’une économie circulaire de la matière organique.
Les lois Grenelle de 2009 et 2010, la loi LTECV de 2015 et la dernière loi AGEC du 10/02/ 2020 (loi relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire et à l’économie circulaire) relayent au fil du temps un objectif commun : mettre en œuvre le tri à la source des biodéchets pour mieux capter la valeur agronomique et énergétique qu’ils représentent dans le respect des grands principes d’économie circulaire.
Parmi eux, peut être retenu ici celui de faire de nos déchets une ressource.
L’obligation du tri à la source des biodéchets à fin 2023 pour tous en constitue une formidable opportunité.
Dans de nombreux pays d’Europe (Allemagne, Suisse, Autriche, Italie, Espagne, Belgique…), la valorisation organique s’est développée à partir des bio-déchets collectés sélectivement depuis une dizaine d’années. Ce type de collecte a connu un développement très important dans ces pays en quelques années seulement. La généralisation du tri à la source des bio-déchets à tous les acteurs français est donc bien réalisable.
Pourquoi séparer les biodéchets
du reste des déchets ?
D’importants progrès ont été réalisés pour mieux trier, recycler ou valoriser nos déchets. Mais les marges d’amélioration restent importantes. C’est l’histoire de la poubelle à moitié vide ou à moitié pleine. D’un côté la France a énormément progressé ces dernières décennies pour réduire le volume de déchets à traiter et pour mieux les trier. De l’autre, un tiers seulement de nos déchets est effectivement recyclé ou valorisé (énergie, compost, amendement agricole…).
La mise en décharge des bio-déchets est à l’origine d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Le tassement des déchets provoque également la fermentation de déchets alimentaires dans un milieu sans oxygène, créant ainsi des conditions favorables à l’émission de méthane dans l’atmosphère. Ce gaz a de plus un pouvoir de réchauffement global 25 fois supérieur à celui du CO₂. De même, l’incinération de ces déchets produit également des GES et notamment du CO₂ lors de leur combustion.
À l’inverse, la valorisation organique via le compostage, l’épandage ou la méthanisation permet de faire retourner au sol ou de transformer des matières organiques brutes en une matière valorisable, le compost ou le digestat, adapté aux besoins agronomiques des sols. Dans le contexte actuel d’appauvrissement des sols en matières organiques, il existe un réel besoin d’amendements organiques naturels que les composts de biodéchets peuvent en partie combler. De même pour les digestats issus de méthanisation, la substitution des apports en engrais de synthèse par des engrais organiques comme ces digestats est également appréciable d’un point de vue environnemental. En effet, la fabrication de ces engrais de synthèse repose notamment sur des ressources minières non renouvelables et non disponibles en France (phosphore et potasse), et pèse considérablement sur le bilan énergétique global, la synthèse de l’azote, notamment, étant très énergivore.